LA DIASPORA HAÏTIENNE ORGANISÉE AUTREMENT

Le HDPAC : De nouvelles stratégies pour mener l’action politique

Par Léo Joseph

Haiti Observateur

Créée sous le nom anglais « Haitian Diaspora Political Action Committee » (HDPAC) ou « Commission d’action politique de la diaspora haïtienne », cette organisation ambitionne de doter la communauté haïtienne d’outre-mer de nouveaux moyens de mener les stratégies politiques, en vue de son développement politique, économique et sociale, en Haïti et dans leurs pays d’adoption respectifs.  La mise en pratiques de nouveaux concepts permettra de surmonter les obstacles auxquels font face les citoyens d’origine haïtienne voulant faire élire ses membres à des postes électifs, en sus d’influencer les politiques, aux États-Unis et dans d’autres pays à forte population haïtienne.

Cette approche novatrice est la grande idée de l’avocat Emmanuel Roy, avec la collaboration d’autres amis, de plusieurs générations d’Haïtiens. Si, au départ, le projet se concentre sur les communautés basées aux États-Unis, il vise, au fur et à mesure de s’étendre aux expatriés d’Haïti disséminés à travers d’autres pays dans différents continents. L’ultime objectif consiste à favoriser l’intégration socio-politique et économique des agglomérations d’Haïtiens qui ont laissé leur pays d’origine pour s’établir définitivement à l’étranger. L’Amérique du Nord étant le lieu accueillant la grande majorité des expatriés haïtiens, dont le nombre s’élève à plus d’un million, il va sans dire que le HDPAC entend y investir toutes ses ressources, attendu que les efforts soient déployés ultérieurement pour répéter l’expérience ailleurs.

Un tel projet suppose la mise en branle, dans un premier temps, d’un système d’enregistrement des Haïtiens, toutes catégories confondues, à l’échelle des cinquante états de l’Union, avant d’étendre le processus au Canada et ailleurs dans le monde. De toute évidence son succès en Amérique du Nord contribuera à accélérer l’effort d’organisation des communautés haïtiennes établies dans différents pays.

Un projet lancé par l’avocat Emmanuel Roy

Le HDPAC est un projet lancé par l’avocat haïtiano-américain Emmanuel Roy, à l’invitation d’un groupe d’Haïtiens d’origine haïtienne acquis à l’idée d’œuvrer pour la promotion socio-politique des communautés haïtiennes. Invité à donner corps à cette initiative, celui-ci dit avoir estimé nécessaire de concevoir cette organisation différemment par rapport à celles qui ont été créées jusqu’ici. Dans cette perspective, il a jugé absolument nécessaire de faire appel à des personnalités professionnellement, socialement et politiquement bien cotées, qui sont susceptibles d’influencer les décisions politiques, à tous les niveaux de l’administration publique. Aussi fait-il appel à des Haïtiens de toutes catégories : immigrés et ceux de toutes les générations, aussi bien qu’à des étrangers ayant de solides convictions par rapport à l’intégration totale de la communauté haïtienne à la vie socio-politique de leurs pays d’adoption, et par voie de conséquence le développement total et durable d’Haïti. Dans les vues de M. Roy, de tels objectifs requièrent le savoir-faire et des gens ayant des contacts solides à tous les niveaux de la société, surtout dans le monde politique, capables d’influencer les décisions.

De l’avis d’Emmanuel Roy, la principale vocation du HDPAC consiste à faire élire des fonctionnaires, à tous les niveaux, pouvant contribuer à la promotion de la communauté haïtienne, notamment à l’élection à d’Haïtiens à des postes électifs, en diaspora. En sus de supporter des candidats progressifs, compétents et évoluant loin de la corruption. De tels objectifs requièrent l’investissement de sommes importantes dans les campagnes électorales, aux États-Unis et au Canada, ainsi qu’en Haïti. Car, raisonne M. Roy, la communauté haïtienne a besoin aussi d’atouts politiques pour s’imposer dans les pays d’adoption. Les progénitures d’immigrés haïtiens doivent compter également sur leur poids politique dans l’équilibre des forces pour atteindre des objectifs réalisables collectivement. Dans cet ordre d’idées, dit encore celui-ci, à l’instar d’un parti politique, l’organisation doit se doter d’une caisse solide afin de contribuer au financement de campagnes électorales de candidats engagés dans la promotion des objectifs de la communauté haïtienne. 

En vue d’assurer le succès de l’organisation, les fondements organisationnels sont mis en place dès sa naissance, prévoyant les différentes fonctions visant ses articulations dans les domaines divers. C’est bien ce que reflète l’organigramme du HDPAC qui comprend : le Conseil d’administration, Cadre administratif, Comité administratif, Conseil consultatif et les comités permanents. Ces derniers sont ainsi catégorisés : Comité de pilotage politique, Comité des finances, Comité de gouvernance, Comité des ambassadeurs PAC, Comité de collecte de fonds, Comité des Relations publiques et Comité des Affaires internationales.

Le choix des personnalités choisies pour faire partie du HDPAC en dit long de ce que ses organisateurs ambitionnent. Le Conseil exécutif se compose de : Dr Georges J. Casimir, psychiatre, président et chairman et Maybelle Jodette, vice-présidente (qui a moins de 30 ans), Renée Ballantyne et Emmanuel Roy, secrétaire.

Les conseillers administratifs s’appellent : David Alexis, Nasser Gamal, Frankie Louis, Jean Vernet, Valerio Saint-Louis, Emmanuel Confie, Georges J. Casimir, Emmanuel Roy, Dominique Jean, Maybelle Jacote, Renée Ballantyne, Donald Livey et Jude Chadi Gene.

Des professionnels de compétences variées et ayant de grandes influences politiques et sociales sont appelés à former les différents comités du HDPAC, dans l’idée d’augmenter les portées d’action de l’organisation. Comme c’est le cas, par exemple, du Comité consultatif au sein duquel se regroupent : l’ex-président dominicain Leonel Fernandez, le général américain retraité Russell L. Honoré, le chancelier John Pierre, Daphné Campbell, ex-sénatrice de l’État de Floride, Rajat Gupta, ex-CEO de McKeon et Compagnie, Anna Marie Reynaud, CEO de GPSI, George May Figaro, Esq., Dr Jacques Bingue, Dr Dinka Talla, Dr Karl La tortue, Willie Gary, Esq., Daphné Leblanc, Esq., Patrick Yacht, Dr Bob Rousseau.

Le président du HDPAC, Dr Georges J. Casimir, un transfuge de l’Association médicale haïtienne à l’étranger (AMHE), s’est joint au HDPAC avec le rêve d’un DPAC fort qu’il n’avait pas su rendre opérationnel au sein de l’AMHE. Dr Casimir a révélé qu’il avait toujours pensé qu’il était nécessaire de doter l’Association médicale haïtienne de moyens financiers adéquats afin de mener avec succès des initiatives politiques concrètes, au profit de la communauté haïtienne. Mais, dit-il, cette ambition n’avait pu se concrétiser, le président de l’AMHE ayant argué à l’inopportunité de cette stratégie.

Bien qu’il ait adhéré au HDPAC, Dr Casimir, qui traîne une expérience remarquable dans le monde médical, hésitait à acquiescer à la demande formulée par Emmanuel Roy pour qu’il en devienne le président. Ce dernier a dû avancer de solides arguments pour le porter à changer d’idée. En effet, à cet égard, M. Roy a révélé que le jour où Georges Casimir a accepté la proposition de devenir président du HDPAC, les discussions durèrent plusieurs heures, « jusqu’à 2 heures du matin ».

Une autre personne faisant partie du HDPAC qui attire l’attention est Maybelle Jadotte, vice-présidente de l’organisation. Le plus jeune membre de l’exécutif, contrairement au président (Dr Casimir), elle est née aux États-Unis. Pourtant elle reste profondément attachée à la culture haïtienne et s’est trouvée naturellement attirée au HDPAC. Et M. Roy se félicite de l’avoir découverte.

Leader né, Mme Jadotte se déclare une femme noire avant d’être Noire Américaine ou Haïtienne. Tout en se réjouissant d’assumer le rôle de leadership elle dit être toujours disposée à servir. Consciente aussi de la mauvaise presse dont Haïti est l’objet, surtout des histoires négatives et déconcertantes, notamment les récents épisodes de réfugiés haïtiens amassés sur la frontière américano-mexicaine, ayant fait leur entrée au Texas, avant d’être déportés par milliers vers Haïti, sa fierté ne diminue d’un iota. Car elle s’inspire de la riche histoire d’Haïti servant d’inspiration à de nombreux peuples. Elle est heureuse de faire une belle contribution au pays d’origine de ses parents, dans le cadre des activités du HDPAC.  

Interrogé sur son implication dans HDPAC, l’avocat Emmanuel Coffy, qui avait, dans le passé, investi son temps et ses compétences à d’autres organisations haïtiennes en diaspora, ne cache pas son enthousiasme à participer à cette dernière. À la question de savoir « que venez-vous chercher dans cette galère », vu que, suite aux turpitudes, qui caractérisent Haïti, sous la houlette de dirigeants incompétents et corrompus, le sentiment d’« Haïti fatigue » habite plus d’un. Et Me Coffy de répondre, à brûle-pourpoint : « Je n’ai pas le choix ». Cette courte phrase charrie un engagement solide dont Haïti a grand besoin au moment où ses dirigeants se comportent en super délinquants. Après toutes ces années de franche collaboration au sein de groupes œuvrant pour le développement durable d’Haïti, Emmanuel Coffy n’a perdu une seule once de son engagement à l`égard de son pays natal.

Si le HDPAC regroupe, en son sein, le plus grand nombre d’Haïtiano-Américains nés hors d’Haïti, il se félicite aussi d’attirer le plus grand nombre de personnalités non haïtiennes. Dans cette catégorie se distingue Donald Lively, qui fait partie du Conseil d’administration et du Comité des Affaires internationales.

M. Lively s’est affilié au HDPAC, grâce à l’initiative d’Emmanuel Roy, dont il fut le professeur à la faculté de droit qu’il avait créée, Florida Coastal School of Law, dans les années 70. Présentement impliqué dans l’implantation d’institutions universitaires en Haïti, en collaboration avec des citoyens du pays, il y a effectué plusieurs voyages et y compte de nombreux amis et collaborateurs. Aussi dit-il n’avoir le moindrement hésité à répondre à l’invitation qui lui a été faite de s’associer à cette organisation. D’autant plus que l’appel était venu d’un de ses « brillants étudiants ».

Sous le leadership d’Emmanuel Roy, encadré d’une équipe multidisciplinaire, multiethnique, venue d’horizons divers, et dont la réputation n’est pas à démontrer, HDPAC a le potentiel de changer la donne, par rapport à Haïti. Dans les vues des dirigeants de cette structure, tout sera mis en œuvre pour que deviennent réalité l’intégration de la communauté haïtienne dans leurs pays d’adoption, ainsi que le développement économique, politique et sociale de la mère patrie, par le truchement de ses filles et fils expatriés.

L.J.